- ELLORA
- ELLORAEllor , situé à une vingtaine de kilomètres d’Aurang b d (État du Mah r shtra), possède l’ensemble de monuments rupestres le plus impressionnant et le plus varié de l’Inde. Ses grottes s’ouvrent dans l’un des escarpements qui forment le flanc nord-ouest du vaste plateau du Dekkan. Les travaux, commencés dans la partie sud, progressèrent en direction du nord. Ils se répartissent en trois groupes, bouddhique, brahmanique et jaïna, et s’échelonnent sur une distance de 2 500 mètres environ. Ellor dut être un lieu de culte de le secte çivaïte (disparue) des Lakuliça-P çupata. Déjà signalée au Xe siècle par le géographe arabe Masudi, l’importance du site se trouve évoquée dans les écrits de nombreux voyageurs occidentaux des temps modernes.Les grottes bouddhiquesC’est vraisemblablement un peu avant l’an 600 de l’ère chrétienne – au temps où la dynastie Ch lukya contrôlait encore la région – qu’une communauté bouddhique mah y nique creusa et aménagea les premières grottes du site. Suivant des techniques éprouvées, le sommet de larges portions de la paroi, préalablement égalisées, était attaqué au pic et profondément entaillé: ainsi ouvrait-on des galeries provisoires entre lesquelles subsistaient des «réserves» de roche destinées à former les piliers. Une fois dégagée la partie supérieure d’une grotte, on procédait à la décoration de son plafond. Puis, continuant à tailler le rocher par tranches horizontales, les ouvriers abaissaient peu à peu le niveau de la salle jusqu’à ce que celle-ci atteignît les proportions désirées. Les surfaces dégrossies étaient alors livrées au ciseau du sculpteur.Il semble que les monuments bouddhiques – douze au total – constituent deux séries successives: un premier monastère formé de salles d’habitation autour du vih ra 5 et un second ayant pour centre le caitya 10. La grotte 5, de plan rectangulaire, est divisée longitudinalement en trois travées par deux rangées de piliers; la travée centrale est bordée de deux plates-formes étroites, parallèles. (Au fond de la salle une chapelle renferme une image en demi-ronde bosse du Bouddha.) Cette disposition intérieure très exceptionnelle (on n’en connaît qu’un seul autre exemple en Inde) était peut-être commandée par des cérémonies tantriques préfigurant celles qui se déroulent aujourd’hui dans les monastères lamaïques himalayens. La grotte 10 (dite Viçvakarma) répond, au contraire, à la conception traditionnelle du caitya ou sanctuaire, avec son plan absidial, sa nef centrale au plafond décoré de poutres cintrées taillées dans la pierre et ses bas-côtés qui se rejoignent en un déambulatoire derrière le dagoba , monolithe sculpté reproduisant un st pa – ce monument hémisphérique reliquaire ou commémoratif typique de l’art bouddhique. Tout en respectant des formules dérivées de l’architecture de bois, les artistes n’en ont pas moins modifié progressivement à des fins ornementales des motifs jadis fonctionnels, au point de les rendre méconnaissables. (Ainsi, la baie d’éclairage en forme d’arc en fer à cheval qui s’ouvrait largement sur la façade des caitya anciens se trouve ici traitée sur le mode décoratif comme simple encadrement d’une fenêtre surmontée d’un oculus.)En même temps que l’évolution des doctrines bouddhiques, l’évolution des thèmes religieux, illustrée aux monastères d’Ajant et d’Aurang b d, se poursuit à Ellor . L’aspect «royal» du Bouddha est accentué dans ses effigies, tel, devant le dagoba de la caverne 10, le Bouddha faisant le geste de l’enseignement – dharmacakra-mudr –, assis à l’européenne sur un trône entre deux Bodhisattva.Mais le goût du colossal s’accompagne d’un fléchissement de l’inspiration qui annonce le déclin de l’art bouddhique en Inde.Les grottes brahmaniques et jaïnas, le Kail size=5saLe groupe brahmanique – seize grottes – témoigne d’une puissante vitalité et de qualités esthétiques indéniables. Les salles sont le plus souvent rectangulaires et abritent un sanctuaire sur lequel veillent des gardiens (dv rap la ) et les déesses fluviales Ga face="EU Updot" 臘g et Yamun . Aux murs alternent des parties nues et des panneaux sculptés illustrant les caractères des divinités majeures, Çiva et Vi ルユu.Les cavernes 14 (R vana-k -Khai) et 15 (Das Avat ra), sensiblement contemporaines (qui furent réalisées au cours du VIIIe siècle), renferment les compositions les plus notables. La dernière présente notamment une série de hauts-reliefs qui couvrent deux étages; inspirés par les avat ra (incarnations, ou mieux, «descentes» en ce monde) de Vi ルユu et les légendes çivaïtes, ils prennent dans la pénombre une intensité étonnante. Avec une admirable maîtrise, les tailleurs de pierre ont traduit, à l’aide d’un jeu de diagonales et de rythmes opposés, le dynamisme des personnages mis en scène. À cet égard, le combat que Vi ルユu sous la forme de l’homme-lion (Narasimha) livre à un roi impie et la danse cosmique de Çiva comptent parmi les réussites les plus heureuses de l’art indien.Le monument le plus grandiose d’Ellor est sans conteste le temple du Kail sa sculpté en un bloc unique, «découpé» dans la falaise et séparé d’elle par une «cour» (grotte 16). Il est l’œuvre du roi K リルユa Ier (757-783) de la dynastie R ルレrak ta. C’est une sorte de résumé symbolique de l’univers, dominé par Çiva résidant au mont Kail sa. L’énorme socle, qui semble reposer sur des protomés d’éléphants, le sanctuaire à toiture pyramidale et le li face="EU Updot" 臘ga (le phallus, symbole de Çiva), enveloppé d’ombre dans l’intimité de la cella, donnent une image du monde visible et invisible familière à tout hindou.Cette œuvre surprenante, d’une hauteur de 33 m, relève plus de la sculpture que de l’architecture. On y voit portée à ses limites extrêmes la technique de « ronde-bosse monumentale » mise au point un siècle plus tôt par les réalisateurs des petits temples monolithes de Mah balipuram (région de Madras), joyaux du style pallava. L’influence de ce dernier, véhiculée de l’est à l’ouest du Dekkan à la suite des guerres que se livrèrent les rois Ch lukya et Pallava, est d’ailleurs perceptible dans la répartition des différentes parties du temple par rapport à la cella aussi bien que dans la forme et la disposition des éléments architectoniques sur les toitures; un style local, issu de la tradition gupta, prédomine dans les reliefs mythologiques – le bain de la déesse Lak ルm 稜, l’ébranlement du Kail sa par le géant R va ユa ou bien des scènes du R m yana – ou simplement ornementaux.Cinq cavernes constituent le groupe jaïna. Leur aménagement fut entrepris après 750, à en juger par la lourdeur de leurs piliers.Le traitement des piliers est particulièrement intéressant à Ellor . Hypertrophiés par la prolifération de thèmes décoratifs (chapiteaux bulbeux côtelés, à vase jaillissant, à consoles supportant des personnages, etc.), véritables monstres architectoniques, ils acquièrent cependant une autonomie monumentale qui n’est pas sans beauté. Des vestiges de fresques, au Kail sa et à la grotte 33 (Indrasabha), ont un intérêt indéniable puisqu’ils permettent de relier à la peinture murale classique (Ajant , de la fin du Ve siècle au début du VIIe?) les miniatures sur manuscrits de l’école de Gujar t (connues seulement après le XIIe siècle).Ellorâlocal. de l'Inde (état d'Ândhra Pradesh).— Site archéologique. Nombr. temples souterrains (VIe-VIIIe s.).
Encyclopédie Universelle. 2012.